La suite... #3 
...Ici commence la journée typique d'un raid motoneige ...comme on les aime :On a enfin le cul posé sur les Skidoo et la neige rend effectivement la visibilité très difficile.
Normalement il est prévu que l'on rejoigne Trois Pistoles le soir et s'arrêter à mi-chemin pour grailler dans un relais motoneige et ainsi retrouver
Bert.
Il est presque déjà 13h...
En plaine, je suis juste le feu arrière de celui qui me précède et devine les phares de celui qui me suit. Je me rappel les nombreuses consignes apprises lors de mon dé-pucelage sur motoneige il y a quelques années :
- surveiller le plus souvent possible ses rétros pour éviter de perdre un futur Mister Freez. Si rien derrière on doit s'arrêter et ainsi de suite jusqu'au guide (lorsque c'est respecté - comme en moto - on gagne vachement de temps sur le parcours et on évite de sortir le téléphone satellitaire pour appeler les secours...)
- bien utiliser les gestes de base de communication (bras gauche levé lorsque l'on s'arrête, battement de la main gauche de haut en bas pour faire ralentir, signalisation des virages piégeux à gauche : bras tendu à gauche, à droite : coude gauche fléchi main en haut, main en haut tournant en rond frénétiquement comme une lumière pour prévenir d'une surfaceuse, main gauche fermé sur l'épaule pour la dernière motoneige, tout sortie pour signaler que l'on se fout au tas, etc... interro surprise à la fin du CR pour T@ll
) tout ça est normalement prévu pour éviter des bobos et de voir filer sa caution.
On retrouve enfin le sentier balisé qui serpente dans une forêt, ça nous permet d'accélérer le rythme, protégé par les arbres et étant certain du tracé à suivre maintenant.
Enfin ce n'est toujours pas le top niveau visibilité. Surtout que beaucoup se plaignent du non-fonctionnement des visières dégivrantes...
Ca va être l'Excuse du séjour ça...
- Enfin sur la Trans-Québec 5 -
- De la drepou digne de Scarface -
D'ailleurs justement, devant ça freine, des bras se lèvent... un stop.
La Bulle devait rêver de lievreuil ou jouait avec son câble et il "pile" comme il peut pour ne pas emboutir celui qui est devant.
En motoneige le seul frein étant actif uniquement sur la chenille (z'ont pas mis d'aérofrein sur ces engins), il est fortement déconseillé de maintenir son freinage appuyé. Il faut "imiter l'abs" par des petites pressions sur levier pour ne pas que la chenille s'engorge de neige, car neige sur neige ben ça glisse... l'arrière veut devenir l'avant et inversement.
Résultat on n'a pas fait 25 bornes que
La Bulle est déjà au tas dans le bas coté... on va vraiment être à la bourre !!!
Ici commence les séances de muscu et d'endurance qui aiguise la patiente !
Le but premier, déneiger devant, diriger les patins et voir si la chenille accroche sur la neige en accélérant doucement... bon ben pas là, faut sortir l'enclume à la main. Les porteurs de lunettes (à cause de la buée de la chaleur corporelle dégagée...
) et les photographes sont dispensés, ca tombe bien je réunis les deux conditions !
Un autre groupe arrive en face et nous file un coup de main, ils reviennent de la Gaspésie justement.
Leur guide nous indique qu'en Gaspé une erreur comme celle-là peut couter cher, là-bas on peut trouver des dénivelés de plus de 300 mètres au bord de la piste... Nous voilà prévenu !
La Bulle itou...
On repart donc avec une motoneige plus blanche que les autres.
Arrivé enfin au relais vers 15h, on bizouille et on sert tendrement notre
Bert avant de déguster la haute gastronomie locale.
Vu le retard accumulé on ne traine pas devant nos assiettes diététiques... Repus, nous avons du mal à suivre
Moustache Blanche, de plus pas mal de monde pestent contre les visières, la suite risque d'être sport. On "profite" d'un pont barré et d'une déviation pour voir ce qui se passe avec ces calices de visières.
Bert shunt quelques prises de câbles sur les bécanes pour les brancher direct à la batterie ! Ca commence lui aussi à l'agacer.
Moi ma visière ne me pose aucun soucis... je m'auto-régule.
- Plus loin un pont trop abimé -
- Ostie de tabernacle de £%*$# !!!! -
- Mascotte de Bert (chaque guide en a une...) -
- Un vrai travail d'équipe ! - Nous voilà enfin reparti dans cette déviation finalement bien venue car plus agréable et plus viroleuse que la TQ 5. Petit à petit, il commence à faire nuit, perso j'adore tracer dans ces conditions. D'une part ça un effet magique toutes ces petites lumières qui s'agitent sur les sentiers, et d'autres part on arsouille beaucoup plus.
Le risque d'un face-à-face (principal cause d'accidents et de décès en motoneige, avant la traversée de la glace d'un lac) étant plus qu'improbable la nuit (sauf si celui qui arrive en face roule sans lumières...).
On s'amuse là
, la neige est au top pour la conduite rapide et les trajects en appuies, on sort les genoux, les coudes, les fesses, les motoneiges virent que sur un seul patin... c'est le panard complet !!!! Je suis en sueur malgré les -12°, on sent bien les 40 kilos supplémentaires comparer aux 2 temps de nos anciens MXZ.
Ca va vite quel pied, mais trop vite peut-être... je vois des phares qui ne vont pas dans la bonne direction et... plus rien !
Tout le monde s'arrête à l'arrache,
Maitresse vient de louper un bô gauche rapide et est sortie du sentier juste avant de plonger dans les quenouilles (roseaux) !!!!
Elle gueule, elle vocifère contre sa visière, ça veut dire que tout va bien...
Bert ne voyant plus sa sangsue, a fait demi-tour et nous rejoint.
La motoneige est retenue par des branchages mais dans cette position on ne peut la remonter.
Bert va tester le ruisseau (que l'on n'avait pas deviné) en bas et décide de la descendre jusque là pour la remonter avec de l'élan (pas l'orignal) et une sangle, sur le sentier. Mission photographe, binoclard, soutien moral tout ça, je supervise la manœuvre...
- Ca passait, c'était bô ! -
Bert admettant que c'est
Maitresse qui ouvre la piste sur ce coup, il lui file gracieusement son gilet de guide (enfin c'est surtout pour mieux la retrouver au cas ou...).
Mais revenons à la sangle...
Crochet donne comme suggestion de ne pas la rentrée trop vite, car cela fait un moment que son témoin de réserve s'est allumé.
Normalement les machines devaient avoir le plein ras de full au départ de Montmagny !?!?
Il semblerait qu'une a été oubliée...
Bert est aux anges.
Consignes : on évite de faire les cacous pour économiser le carburant, en clair : on roule efficace, rapide, mais pas de figures inutiles...
On s'y tiendra pendant au moins... 1/4 d'heure !
Le couteau entre les dents on s'amuse comme
des gosses des enfants. Tous nos virages se font en travers, coupure subite des gaz juste avant, contre-bracage, bracage et gaazzzzz en grand avec une belle gerbe de neige derrière pour bien gêner le copaing derrière !!!!
Au moment où l'on commence vraiment à se prendre pour des païlotes de la Cain's Quest, sur une montée quasi impossible je vois sur le haut de cette grosse bosse, une motoneige qui s'arrête net tout feu éteint après un saut et un réception et donc celle qui la suit... lui rentrée dedans bien gentiment !
La Bulle explique qu'il ne comprend pas, son skidoo s'est arrêté tout seul... mouais,
on ré-enclenche le coup-circuit la motoneige redémarre...
On explose de rire !!!
Lors du saut il a du lâcher le guidon et à la réception a du s'appuyer sur ce coup-circuit bien placé pour réceptionner les moufles des manchots de la gâchette.
Junior, le suivant d'un peu trop près à tordu la barre de protection avant et a bien cassé le carénage sous les phares, pour
La Bulle : barre arrière tordu et feu explosé mais toujours à sa place, l'ampoule fonctionnant toujours.
Pas le temps de s'apitoyer sur le grignotage des cautions,
Bert ne fait plus de commentaires
, on repart !
Pour quelques kilomètres seulement, puisque l'on profite dans un petit bourg de l'éclairage public qui devrait nous permettre de tenter un siphonnage en règle de nos machines au bénéfice du skidoo de
Crochet.
- La poire est montée fine, mais longue, mais fine... -
On sort le siphon poire et on s'applique à la manip... et rien !
Après plusieurs tentatives de basculement d'une motoneige qui n'a jamais demandé d'être autant secouée à l'arrêt, faut se rendre à l'évidence : sur les 2011, ils ont surement foutu un système anti-siphonnage, puisque les bouchons n'ont toujours pas de serrure...
Bert a un sourire de killer qui ne m'inspire pas confiance...
En route !!!!
...mais pas longtemps !
Je remarque derrière moi de moins en moins de phares s'agitaient.
Ok,
Crochet est tombé en panne d'essence pour de bon, on récupère donc la sangle à peine refroidit.
Et c'est parti pour le petit train-train.
Il neige, il caille (on se refroidit à cette vitesse d'escargot), on a faim, on est fatigué et on va être en retard pour les danseuses... pis j'ai soaf !
Arrivé enfin à une station-service on fait le bilan :
'taing de journée !!!!
On est trop à la bourre pour manger à Trois Pistoles, les cuisines seront fermées à notre tardive arrivée.
- Les Skidoo auront droit à la binouze avant nous... -
Tout le monde se tourne vers le Tim Hortons de la station...
Bert nous approuve, et déclare l'open bar de soupe Hortons pour ce soir !
Avant cela, l'
Ingé Renault trouvant cette situation bien singulière, décide d'en rajouter en "omettant" de regarder comment se porte son remplissage de réservoir qui dégueule tout ce qui peut pour cause de trop plein...
Toutes les insultes québécoises de
Bert y passent !!!
J'ai pas eu le temps de tout prendre en note, mais que c'est bô et chantant !
C'est un signal de plus, la fatigue nous gagne.
On plie les gaules après avoir essuyé nos bavouilles de soupes (et de coco raffinée), puis c'est reparti.
Que l'on croyait !!!
A peine sortie de Rivières-du-Loup on croise la surfaceuse qui rentre.
Bert interroge le chauffeur ; impossible d'aller à Trois Pistoles dans ces conditions, les pistes n'ont pu être nivelées.
Appel à l'hôtel pour nous décommander et un autre appel à l'hôtel Universel de Rivière pour réserver nos chambres.
Retour sur nos traces... notre groupe serpentent entre les maisons, on arrive à l'hôtel tel des naufragés de sentiers, plus personne ne moufte un son.
On enlève péniblement nos sacs (les tendeurs en caoutchouc sont durs comme des câbles, et le tissu des sacs fait un bruit de carton...) et nous
déposons jetons comme des SDF nos bardas et combinaisons dégoulinants sur le sol marbré de l'accueil...
- La Horde Sauvage... et le pauvre aubergiste -
Une douche, une Bud et direction les chambres aux lits king size, car demain on tentera de rattraper notre retard !!!!
A suivre...- Mardi 22 février départ de l'aéroport Jean Lesage à Québec (YQB) - 
- On remonte le St Laurent direction Montréal - 
- Dans l'avion du retour à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal (YUV) - 
- Au dessus de l'Irlande le 23 février... de nouveau membre de l'union européenne - 
Et c'est de cette façon que ce termine mon quatrième raid (périple) motoneigiste dans la Belle Province !!!! 
Sur ce, je vais prendre rendez-vous chez mon osthéo et chercher un diététicien.
