160 kilomètres ça vous dit quoi ?
- une balade de tafiole !
- la distance qu’a parcourue un chien perdu pour rentrer chez lui un jour en Slovaquie méridionale
- le nombre de bornes que peut faire une VTR avec le plein
- le nombre de bornes qu’on peut faire sur une R1 sans avoir mal aux poignets
- la distance que je fais chaque jour pour aller bosser
Ben non ! Rien de tout ça ou alors la réponse 1 mais chut on dit qu’on l’aurait pas dit histoire de pas froisser les susceptibilités…
En fait 160 bornes c’est grosso modo la petite balade de samedi après midi, le 31 mars de son petit nom. Accessoirement c’est aussi 1/10 ème du rodage mais c’est vraiment accessoire hein…
Pour ceux qui ont la flemme de lire et qui regardent que les images c'est là :
http://www.triumphall.com/galerie/thumbnails.php?album=806Ce fut donc ma première « vraie » sortie avec la Tiger flambant neuve. Au programme, la vallée d’Azergues, près de Lyon, remontée vers Amplepuis et retour par Cublize, le lac des Sapins… Que du classique très classique en quelque somme. Du pas loin, du pépère, du rodage quoi.
Rendez vous à 14h30 à Dardilly au quartier moto. Passent les kékés avec leurs japonaises pleines de R dedans et qui font des rupteurs pour épater la galerie (enfin je crois, sinon ils passent surtout pour des cons mais bon chut, on va pas leur dire, il faudrait pas briser leurs rêves étroits de reconnaissance en solde). Bon, on discute avec les copains qui arrivent au compte goutte et vers 14h44 (je dis ça au pif hein) on se met en route direction une station service puisque Shouks (membre Triumphall) a la batterie de sa Speed Triple à plat donc faut pas arrêter le moteur et aller mettre du jus de suite sinon c’est le blitz sur Lyon et ça craint vachement oh là là, vous avez pas idée ma bonne dame !
A la station service de Civrieux d’Azergues, on fait l’appel :
- 1 sprint carbus vraiment classe
- 1 speed triple noire un peu sale mais on dira rien
- 1 bmw 1100 r version grenouille sous amphét
- 1 ducati 998s rouge, arggg que c’est beau
- 1 harley 1200 sporster qui vibre-bre-bre-bre-bre
- 1 tiger qui rode
Allez, tout le monde est là, personne veut faire pipi, on repart et à l’entrée de Lozanne, appels de phare à gogos des boiteux à roues (ils sont sympas quand même, tellement nombreux à nous faire des appels que ça en est presque gênant). Tels leurs homonymes télévisuels de St Tropez, leurs képis frétillant au vent telles les truffes de golden retriever en quête de lapins à désosser, deux hommes en bleu pointent leurs yeux télescopiques vers nous. Mais bon, comme on devait plafonner à un bon 52 km/h compteur, on passe visages angéliques sous le casque et sourires pepsodent en bandoulière.
Sur la Tiger, le grand guidon qui permet de rouler pépère, ça fait du bien. La souplesse du 3 cylindres m’enchante et me repose (ça change quand même beaucoup des 4 bicylindres que j’ai eu avant). On peut rouler visière ouverte, sur un filet de gaz, à bas régime mais pas trop parce que, quand même, on n’est pas punis non plus. Dans les ronds points, ça tourne aussi facilement que ma vieille 4L, bref c’est que du bonheur.
Mais bon, c’est pas tout. Les convois à 45 km/h dans une grosse bourgade le samedi après midi, avec les mémés qui traversent pour aller acheter du mou pour le chat et les enfants qui vont au cours de judo (pour les terrains de rugby on peut toujours repasser), bref tout ça c’est bien beau donc mais pour ça un 103 ça aurait suffit. Et encore, même pas un 103 sport hein, juste le 103 de base sans tous les accessoires racing.
Donc, quand la route s’élargit, que les panneaux ronds cerclés de rouge invitent à ouvrir un peu le câble relié au poignet droit… ça le fait mieux. Bon déjà un truc marrant mais pas étonnant : même en rodage la Tiger avoine plus que l’Africa Twin a 60000 bornes. Et pourtant à 60000 bornes l’Africa elle était plus que libérée, elle avait même eu le temps de faire son speech de remerciement au cours duquel elle prenait soin de ne pas trop accabler ses otages... Non, je rigole mais la Tiger en rodage me fait déjà une belle impression. C’est velouté (pas le yahourt hein, faut pas déconner non plus), ça envoie mais pas trop, on sent qu’y en a sous la poignée mais ça reste propre, discret ; ça correspond bien à l’image semi rigide qu’on a des britanniques (sauf dans les mauls et autres regroupements ou un bourre pif reste un bourre pif, quel que soit son côté de la manche).
Devant nos amis les énervés de la poignée droite se font un plaisir d’enquiller… Je pense qu’ils n’ont pas du voir les panneaux limitant la vitesse à 90 km/h. De mon côté, 5000 tr/mn maxi, à ne pas dépasser ou alors que si c’est vraiment obligé, du style un papy en 304 diesel qui se tape un coup de calgon et qui veut épater madame en tentant une audacieuse relance des 80 km/h, pied au plancher et le pommeau de la boite de vitesse vissé dans la main. Bref, peu de chance quand même que ça arrive (soyons réalistes quand même). 5000 tours minutes, disais-je donc, c’est la partie 1 du rodage, jusqu’à 500 bornes (de mémoire). C’est pas vraiment rigolo je vous l’accorde. En fait ce n’est pas tant la vitesse qui me gène (ça fait quand même un bon 110 km/h donc suffisant pour perdre des sous et des points sur route) mais plutôt qu’il faille toujours jeter un œil au compteur pour vérifier qu’on ne transgresse pas la règle. On sait jamais, le moteur va peut être exploser, se mettre à fondre, se transformer en pudding, les pneus en jelly et le pot se tordre de convulsions en crachant un remake sans plomb de God Save The Queen. Bref, comme je tiens à la santé de ma moto et aux bonnes relations diplomatiques entre la vallée d’Azergues et l’Angleterre, je reste très zen. Je ne craque pas face aux assauts répétés de certains vils personnages qui profitent du bon revêtement routier sous nos roues pour adopter un rythme plus soutenu (comprendre : le pilote de la 998 qui profite des virolos vers Amplepuis pour souder comme une brutasse). Stoïque, je ferme la marche avec devant moi un allié de circonstance sur la Harley.
Je profite de ces routes qui tournent un peu pour vérifier la tenue de route de la Tiger dans les courbes à 100 km/h. C’est plutôt pas mal. Quelques ajustements sont quand même à prévoir, à commencer par la pression des pneus qui à mon avis doit expliquer ces légers louvoiements. L’accord des suspensions ne semble pas trop mauvais, peut être un réglage à voir quand le rodage sera plus avancé et qu’on pourra tester sur des courbes plus rapides (ou moins lentes, pour pas faire peur à nos amis les képis).
Tout le monde se retrouve à Amplepuis. Les motos ne font pas clic clic et quand la harley s’arrête, quand les termignoni de la 998 s’éteignent, on n’entend plus rien d’autre que… ma centrale d’injection. Elle parle en morse quelques secondes (je crois l’avoir reconnu chantonner « Tea for two ») puis voyant que personne ne lui répond, elle se plonge dans le mutisme.
Nous enquillons une petite route de campagne pour nous arrêter boire une mousse réparatrice. Les deux autres Triumph et la 998 nous quittent plus tôt car retour sur Lyon nécessaire ; ce sont les képis bleus qui vont être contents…
Fin de la balade en trio autour du lac des sapins où nous jardinons un peu, ce qui me permet de tester le freinage de la Tiger plus efficacement que ce que j’avais pu faire jusqu’alors. Je suis rassuré. Le feeling a beau être très passable, l’efficacité elle est bien au rendez vous. En version onomatopée ça fait un peu ça : freine pas - freine pas - freine pas – freine à donf.
Et ça freine à donf de chez à donf, c’est pas du mou de veau. Bon okay, en même temps c’est à relativiser car sur l’Africa, c’était du genre : freine pas - freine pas - freine pas – freine pas… Bon, c’est encore loin du freinage sur la 900 SS carbus, encore une fois une référence routière, mais c’est pas mal. Là aussi, à reconfirmer après changement des pistons.
Retour sur Lyon vers 17h30, avec trois gouttes de pluie juste pour dire que bon hein, on n’allait pas s’en tirer comme ça, à improviser une balade un 31 mars, pff j’vous jure ces jeunes, ça respecte plus rien.
Dans les virages serrés et les enchainements rapprochés, la Tiger m’a fait une belle impression. Encore une fois, on reste sur du policé (et pas du policier, ce n’est pas le même bleu) : tout est très doux. La moto répond bien (elle est polie donc, encore heureux vu le prix des majordomes britanniques) et elle se fait oublier (encore une fois, ne vous attendez pas à voir le comportement d’un speed triple). Mais ça reste drôlement efficace et je suis curieux de voir ce que tout ce joli monde va donner une fois le rodage passé en defcon 4.
Contrairement à ce que je redoutais, il n’y a pas de faux points morts (1 sur 220 kilomètres, c’est presque autant que le nombre de stations services dans le centre de la Tasmanie). La selle est d’un confort royal, large, elle remonte juste ce qu’il faut pour protéger les bijoux de la couronne. La protection offerte par la bulle version lilliputienne s’en sort bien mais avec une vitesse maxi de 127 km/h sur toute la balade, difficile de faire autrement.
Prochain test prévu : une descente dans mon Languedoc natal par les petites départementales fin avril, soit un petit morceau de 1000 kilomètres avec les détours sur 4 jours, correct et pas trop viril. De quoi avaler du rodage en se faisant plaisir (ardèche, lozère, corniche des cévennes pour l’aller et vallée de l’orb, gorges du tarn pour le retour…). CR et photos à suivre début mai.