Un grand moment de solitude...
Moi, je voulais faire le bon samaritain ce WE. J'avais un vieux blouson style cuir mais pas cuir mais en très bon état, mais qui ne me va plus (trop grand)
Je voulais le donner à un SDF vu qu'il tient assez chaud et qu'il a quand même de la gueule...
Je vais vers les jardins qui courent le long du bld Richard Lenoir à Paris et là, pleins de SDF partout...craignant une baston entre eux et ayant de la peine à imaginer une bataille rangée avec force rôts, injures incompréhensibles sortant de gosiers éructant de la bière et du jus de caries, je tente de trouver un SDF relativement à l'écart.
J'en vois deux sur des bancs qui se font face. L'un dort d'un sommeil profond seulement ponctué de forts ronflements et de petits pets attendrissants.
Je me rapproche de celui qui a l'air le plus mal en point (je suis sensible moi). Il est tout mince, il est assez agé, il a des béquilles à l'ancienne (vous savez, celles qui sont en bois), une casquette qui masque à peine son désarroi....mais plus je m'approche et plus un doute insidieux saisi ma conviction d'avoir à vraiment à faire à un SDF...mais je me trouve face à lui qui a déjà levé la tête et me regarde fixement...
Pas de doute, ce n'en est pas un
...Mais je ne peux pas ne rien dire d'autant que je me suis avancé en tenant à bout de bras le-dit blouson qu'il regarde avec interrogation...
et là, je bredouille un "heu...il ne me va plus et j'ai pensé que..." et lui ne dit rien mais fait un geste de dénégation irrité n'appelant pas la réplique (forcément, il a compris ma méprise et est vexé comme un rat mort...on le serait à moins)
Je ne demande pas mon reste et retourne vers ma femme et ma fille qui n'ont rien loupé et qui sont pétées de rire
Je vais revoir vite fait un ophtalmo moi...j'ai comme un doute sur les lentilles qu'il m'a filé
