Arsouilleland, deuxièmeJeudi matin, 7h, une bonne heure pour sortir de la couette.
Perception de la camionnette de course, mise en cale de l’aspirateur racing, check up de la check list et direction le Puy en Velay pour récupérer le père Fred Jalade et son autre aspiro bleu tuning.
Une bonne heure de chargement plus tard, les 2 ninjas sont casées, les 2 trains de pneus de Fred ont trouvé leur place (quel paylote d’usine celui la !) et les 500 kgs de bordel divers sont tassés au fond du gros Fiat.
Deux heures plus tard, les jolis paysages de l’Aveyron se dévoilent à nous et nous retrouvons sml sur sa Supermoto qui nous ouvre la route jusqu’au camping de Villecomtal.
Ouch ! blindé le camping ! ça va pas être facile de caser nos 2 tentes en plus du gros bahut !
Heureusement seb arrivé la veille nous a gardé une place au chaud juste à coté de mon ex-prof Patrick Curtat et du MC des guidons vellaves, une bonne bande de motards-fêtards du Puy.
Didier, le frangin de Fred nous rejoint au guidon de sa rutilante SV et nous attaquons le montage du bivouac, c’est qu’il faut être prêt à 19h, heure des recos autorisées des 3 spéciales du rallye.
Décision de la préfecture oblige, nous ne pouvons aller rouler dans les spéciales qu’entre 19h et 23h, indubitablement un casse-tête pour l’organisation de l’apéro, mais c’est comme ça, il faudra s’y faire…
Première bonne blague de la journée, je m’aperçois au moment d’enfiler ma tenue de combat que j’ai oublié mes bottes à Valence, ça me pendait au nez mais bon maintenant je suis bien emmerdé, heureusement que frère Didier me prêtera les siennes tout le weekend, ce qui me sauvera bien la mise (mais si tu pouvais avoir des bottes assorties à ma combine ça m’arrangerait pour la prochaine fois, hein ?).
19h, l’heure d’aller tartiner un peu.
Le temps de faire chauffer les pneus, nous voici donc au pied de la première spéciale, Pruines, spéciale relativement rapide mais ponctuée d’épingles et de virages serrés bien piégeurs.
Le grip est bon, on mémorise tranquillement les virages.
Quelques montées plus tard, nous voici au pied de l’ES de Villecomtal, LA spéciale à sportives avec les 2 premiers km hyper rapides et le dernier étant un enchaînement de virages serrés sans relâche pour nos pauvres petits sliders (ou repose pieds pour seb).
Un peu trop de monde dans la spéciale, nous décidons de changer de coin après une petite frayeur due à un concurrent un peu zêlé dans ses recos qui est arrivé pleine balle sur la voie de Fred pendant que nous redescendions tranquillement sur le coté droit.
La 3° spéciale, Golhinac, rebaptisée « Goldorak » par certains, est la plus lente des trois.
Elle démarre par un enchaînement très rapide donnant sur une épingle à droite annonçant le passage en sous-bois et son cortège de virages serrés.
Une spéciale taillée pour les supermots et pourtant c’est ma préférée, virages lents qui s’enchaînent, bitume bien abrasif, tout ce que j’aime.
Petite pause bière au bistrot du coin pour attendre la tombée de la nuit et quelques montées supplémentaires dans le noir pour s’habituer aux conditions nocturnes.
23h30, la pluie s’invite, il est temps de rentrer se mettre au sec
Première nuit au camping ou nous serons bercés une bonne partie de la nuit par le doux chant des rallyemen d’à coté « A poil Patrick ! à poil Patrick, à poiiiiiiil ! », le folklore quoi !
Vendredi 11Nous partons pour la reco du parcours routier en prenant bien soin d’éviter les spéciales, le parcours est chouette comme tout, alternant liaisons roulantes et descentes viroleuses sur de beaux bitumes revêtus comme il se doit de graviers tout neufs par la DDE, à priori le rituel saisonnier.
Le père Sml envoie du gros comme d’habitude et ne semble pas plus perturbé que ça par le revêtement hasardeux, tant mieux, ça sera mon poisson pilote officiel du routier !
19h, rebelote, nous partons pour les recos et voila que survient la 3° bonne blague du rallye.
En arrivant à la station service du coin ou règne un bordel inimaginable autour des pompes (carcasses de bagnoles, morceaux divers et variés juste poussés pour pouvoir accéder aux pompes), une queue de rivet tombe subitement amoureuse de ma roue arrière et la pénètre sans prévenir (et les préliminaires bordel ?!?)
Le temps de mettre la mèche qui va bien (merci sml !), nous partons pour la reco de Golhinac.
C’est le moment où nous ferons connaissance avec Manoel Delaval sur sa Buell (champion de France 2003) qui nous déposera copieusement sur la mini route à chèvres qui mène au départ de la spéciale (mais euhhhh).
Spéciale suivante, Pruines, je manque de m’en coller une en sortie d’épingle ou, sorti gaz en grand, la roue avant s’est levée puis reposée guidon braqué à gauche, me gratifiant d’un bon vieux guidonnage des familles !
ouf, je reprends le contrôle juste avant le talus.
La nuit commence à tomber et une fois de plus je me fais déposer par ce satané Buelliste qui tartine grave dans la spéciale.
A Villecomtal, les sensations commencent à venir et le genou commence à pointer le sol, tout va bien.
Samedi 12Les choses sérieuses commencent, et en me rendant au contrôle administratif j’aurai encore droit à une bonne blague car mon certificat médical est refusé, il y est inscrit « apte à la pratique de la moto » au lieu de « apte à la pratique de la moto en compétition », sans blague, comme si j’allais faire un certificat pour mes balades ardéchoises du dimanche…bref
Passablement énervé, je me fais un bon aller retour à donf chez le médecin du coin qui me corrigera gracieusement mon petit bout de papier.
Retour à l’administratif, cette fois ça passe.
14h, le contrôle technique, l’occasion de signer mon premier autographe (eh eh eh), et pas de souci pour la kawa qui passe sans encombre.
18h, briefing pilotes « attention y a des graviers » (non, pas possible ???)
22h, départ des premiers concurrents, je guette le départ du grand Sergeï, en wheeling un pied sur la selle comme il se doit !
Le temps de prendre un peu de repos et de m’apercevoir que la pluie commence à tomber (décidément, ça devient une habitude), nous filons récupérer les brêles au parc fermé.
Sur le coup il faut bien le dire, la motivation pointe aux abonnés absents, j’ai vraiment pas envie d’aller me taper 130 bornes de petites routes gravillonnées sous la pluie battante, mais quand faut y aller…
Minuit, l’heure des poireaux de compétition, nous pointons au départ de la spéciale encouragés par nos vaillants supporters Aude et Didier (fallait bien ça).
Comme prévu je laisse une minute s’écouler pour partir avec mon poisson pilote, aka « GPSml ».
Dès le premier kilomètre un brouillard épais fait son apparition, réduisant à néant l’efficacité des phares Xénons, ce qui, couplé à la pluie tombant en abondance, rend impossible l’ouverture de la visière couvertes de gouttes, la visibilité en devient presque comique.
Heureusement le père sml et ses yeux de chat passe devant, me guidant et m’évitant par la même occasion d’avoir à regarder le roadbook, j’ai déjà assez à faire avec les plaques de ressuage noires qui me font faire des glisses à la Mac Coy.
Au premier pointage, j’arrive pile dans ma minute, une situation inédite et plutôt stressante, je l’ai échappé belle.
La première spéciale, celle de Pruines relève également de la farce, celle-ci étant couverte de brouillard du début à la fin, j’y vois rien, je suis sensé rouler à toc, je suis mouillé, ça me sâoule, je rends la main en conduisant avec 1m de visibilité et à l’arrivée je prends plus d’une minute dans la vue par rapport au temps scratch de Sergeï.
Bon, à ma décharge, les premiers partis 2h plus tôt ont eu la pluie, mais pas le brouillard, c’est con mais c’est la course comme on dit et celle-ci se soldera par une 71° place scratch pour ma pomme (ouhhh ouhhhh).
Dans la descente, je suis mon poisson pilote en direction du prochain CH, celui-ci semble un peu hésitant ce que je ne comprends pas trop sur le coup, je passe devant.
Je me rendrai compte un peu plus tard que nous roulions sur un tapis de graviers, comme quoi c’est bien dans la tête tout ça.
La 2° portion de routier est toujours aussi catastrophique et j’en viens à me demander quel plaisir on peut bien avoir à rouler dans des conditions pareilles, ce qui semble être également l’état d’esprit des concurrents que nous doublons malgré notre rythme d’allemands en vacance.
Arrivée au 2°CH, je manque de m’en mettre une dans l’allée boueuse abordée un poil trop optimiste et je vois mon seb qui me double pour pointer direct ! mais mais mais, et moiiii ??? ah ben voila, j’ai pris un pion, ma première minute de retard en rallye, même pas réussi à tenir du 60 de moyenne.
La partie suivante étant un peu plus roulante et bénéficiant de 5 minutes d’assistance, je pointerai en avance au départ de la spéciale de Golhinac, cette fois sans brouillard.
Spéciale sans encombre, j’assure tranquillement mes 3 bornes avec un glorieux 58° temps à la clef…
Villecomtal, 3° et dernière spéciale de l’étape de nuit, les conditions s’améliorent beaucoup, la pluie ne tombe presque plus et le brouillard a définitivement disparu, je finis 28°, légèrement avantagé par les conditions météo qui étaient plus mauvaises pour les premiers (y a une justice !!)
Ouf, fin de cette superbe balade nocturne, après 3h passées à subir, nous arrivons enfin au parc fermé pour déposer les tas de boues qui nous servent de montures.
Seb s’est régalé (va comprendre Charles), quant à moi, mis à part la satisfaction d’avoir terminé une étape de nuit de warrior, je n’ai éprouvé aucun plaisir.
3h30, nous filons enrouler la viande dans le torchon pour savourer ce repos bien mérité.
Evidemment c’est le moment que choisissent mes voisins du camping pour foutre le bronx mais mes boule quiès chéries me sortiront rapidement de cette mauvaise passe…