En fait déprimé par le retour à la vie réelle, j'ai aujourd'hui de mon coté préparé un CR mais j'attendais qu'Alain se manifeste. C'est bien ainsi, vous pourrez apprécier objectivement les points de concordance et les différences de nos deux versions.
Je scinde en plusieurs post parce que c'est long. Pour les photos elles sont tellement pourries que j'hésite.
Donc c'est parti pour "La vérité vraie du voyage à travers les Alpes"
Mercredi 18/08 – Oh monde cruel !
J’ouvre les yeux et tape sur le réveil pour l’éclairer. 8h40 déjà. Les vieux doivent être debout, vite faut que je me lève !
Mais c’est quoi ce bordel ? Je suis dans un lit !
Ca me revient. Je suis rentré hier soir et donc y’aura pas moto aujourd’hui. Fais chier, la journée va être déprimante…
Retour en arrière.
PROLOGUE
Vendredi 16/07 - Donc bien en arrière.
Journée du 14/07 et soirée du 15 bien arrosées, genre alcool diffusé sous dialyse, j’émerge le vendredi 16 avec une tête dans le cul phénoménale. Premier truc en me levant, j’allume l’ordi (vive la modernité !) et je découvre un MP d’un certain Alain38 du forum MG que je lis vite fait. C’est quoi ce délire ?
Re flashback, mais plus loin encore.
L’été dernier j’ai « rider » jusqu’en Autriche, tout seul comme un grand. 12 jours à bouffer du col et du riz. Cette année ne voulant pas accomplir ma semaine annuelle de brêle tout seul, j’ai proposé un truc un peu argumenté dans les Cévennes sur le forum des Chambériens - Grenoblois en espérant cibler un ou deux inconscients. En vain jusqu’à cet étrange et providentiel message d’Alain38 qui me propose une virée à travers les Alpes. Il me balance un lien sur Triumphall avec le CR de Vapatrovitch de l’année précédente.
Je clique. Ma photo du sommet de l’Albulapass s’affiche à mes yeux fatigués, le strabisme convergent n’est plus très loin.
Je tombe dans la quatrième dimension ou bien ? J’ai pris les mêmes photos, donc emprunté grosso merdo les mêmes routes. Quand je suis rentré, ils partaient ! Vu le faible état de conscience matinal je me suis contenté de zieuter les images, le CR je l’ai lu le soir.
S’en sont suivis quelques échanges de MP. C’est bon, je laisse tomber les Cévennes et je repars pour l’Autriche !
Samedi 7/08 – Tu chauffes
Alain doit récupérer un patin de chaine chez Strike à Ambutrix. Etant à coté, c’est l’occasion de la première rencontre. Tranquille le gars, il s’affole pas, il récupère sa brêle fraichement réparée trois jours avant le départ. Va y avoir bonne ambiance je sens.
Je suis serein également. Le Tuono nettoyé, huilé, graissé et équipé de deux pneus neufs attend bien sagement dans le garage qu’on lui éclate la gueule.
Dimanche 8/08 – T’y es presque
16h. Avant de charger tranquillement l’Aprilia je me décide à faire le plein d’essence. Je pars pour une quinzaine de bornes et j’en profite pour vérifier le niveau d’huile une dernière fois.
Rentré, j’aperçois une tête de vis diamètre 10 sur le pneu arrière. Doit y avoir que la tête coincée entre les deux sculptures, pas possible autrement. Et non, je dévisse 3 cm de tige filetée ! Le pneu encore recouvert de son brillant vernis et de ses jolis picots est à plat en 5 minutes. Là j’ai bien gueulé ma race. Heureusement y’a pas de voisin. Pas encore parti que les emmerdes commencent.
LE TRIP
Lundi 9/08 – En route pour Sion
Yeux grands ouverts à 5h30, la matinée va être speed.
Je passe les détails. Le pneu est réparé et la roue remontée à 10h, la chance me sourit on dirait (même si le dernier blaireau qui a déposé l’étrier de frein arrière à foirer une tête d’écrou, rendant le bordel indémontable avec mes outils. Toi aussi je t’ai bien maudit !)
10h55. Bagages arrimés sur la moto, je vais pouvoir souffler cinq minutes.
11h (!) Appel d’Alain. Le Breton arrive. Il a pas téléphoné en arrivant sur Lyon comme prévu, il est presque à Chambéry, faut partir maintenant.
Je bouffe à l’arrache et m’équipe.
11h30, go pour le RDV de Montmélian à 13h. Y’a 140 bornes, mais ca reste jouable sans prendre l’autoroute.
12h30. Disons plutôt 13h15, je retrouve Alain et Jacques dans un café.
Alain m’ayant conseillé de ne prendre que l’indispensable et de voyager léger c’est donc, de la Guzzi et de l’Aprilia, la Triumph la plus chargée.
Il fait beau on s’arrache.
Quelques routes alpines françaises sympas et c’est au passage de la Forclaz et de la frontière suisse que je commence à me sentir parti pour de bon. On atteint un camping un peu roots au fin fond de la vallée de Sion en début de soirée.
Podium du montage de tente : 1er Alain (elle se monte toute seule), 2e Jacques, 3e ma pomme.
En revenant de pisser je découvre mes deux compères penchés sur un problème de physique quantique : le bordel du réchaud l’a pas l’air de vouloir s’associer au bordel de la bouteille de gaz. Cherchez pas les gars ! Il fallait acheter, et, transporter des bonbonnes à valves et pas des à percer.
Jacques, celui qui a le plus faim, se dévoue pour rejoindre le camping voisin et voir si des fois y’aurait pas des bonbonnes à vendre, mais il revient brecouille.
Nous incitons alors vaillamment Alain, responsable du réchaud et donc de notre dalle grondante, à taper le couple de Français voisin, en fourgon monté camping car, pour qu’il nous chauffe l’eau des pâtes.
30 minutes après, on bouffe enfin.
Je sors la bouteille de sky du sac (notez la fidélité au « manuel de l’indispensable pour une virée à moto »), assez timidement ; si ça se trouve ils boivent pas. Oh pauvre ! Le premier soir on a tous les trois fait les gentlemen, mais à partir du lendemain!...
Mardi 10/08 – Qui a dit les pâtes c’est facile ?
Les vieux se lèvent tôt alors on décolle à 10h. Ca me va bien, on la joue tranquille, on se rattrapera sur la route.
30 bornes et petit arrêt pour un montage de tente sur parking pour vérifier que le portable d’Alain n’est effectivement pas dans l’abri déplié mais bien dans la poche extérieure de sa sacoche cavalière gauche. Petite précision, le téléphone même retrouvé ne fonctionne décidemment pas hors des frontières françaises. Faut avouer que y’a un certain level !
On enquille la Furkapass, puis le Passo del Lucamagno pour arriver au pied du San Bernardino. Vraiment une tuerie ce col, certainement mon préféré. Le véritable guichet d’entrée des manèges. Route étroite, revêtement parfait, les virages bien rapprochés et ces épingles à droite qui se referment tellement que tu crois que tu vas finir par faire la toupie. L’éclate totale !
19h, Alain nous arrête un peu avant le sommet du Julierpass. La vue est magnifique depuis ce belvédère emprunt à tous les vents. Ouais c’est beau, mais bon ça caille même à l’arrêt équipé full cuir.
Y’a un panneau camping planté là sur cette aire qui ressemble plus à une zone de demi tour pour poids lourds qu’à autre chose. Et Alain qui nous propose de monter le camp ici, sur les 5m2 de terre inattaquable à la pioche! Là, je l’ai bien scruté le Alain. Mais c’est qui ce barje ? Je viens de trouver mon maître.
On a discutaillé 20 minutes genre t’es sûr tu préférerais pas, dans le style roots, un camping sauvage un peu plus bas et plus abrité, etc. Je pensais pas en arriver à ce point mais y’a fallu lâcher l’argument imparable: on a pas de bière si on dort ici.
Trois minutes après, les moteurs rugissaient direction St Moritz.
Un camping où on s’est bien fait niquer. Tu payes avant de passer la barrière et tu te démerdes pour trouver une gache parmi un troupeau de camping-cars.
Les pâtes. Aujourd’hui on a la bonbonne de gaz qui va bien, mais c’est la casserole qui fait chier. Trop grosse, trop lourde avec l’eau et les pâtes pour le minuscule réchaud. Quand t’as faim les pâtes recette gazon et boulettes de terre ça passe nikel ! Et on a dit au revoir à la bouteille de Jameson.
Mercredi 11/08 – On a perdu le Breton
On commence la journée par le Passo del Bernina, puis Passo di Foscagno, puis Passo di Gavia, que des routes de merde quoi !
On s’arrête dans une zone détaxée. Le litre de SP95 à 0,95€, le kilo de Toblerone à 3,50, le litre de Four Roses à 8,50. Tout le rock and roll à pas cher !
Après le Passo del Tonale on tape dans de la petite route bien sympa et viroleuse bordée de pommiers aux alentours de Revo pour rejoindre le Passo di Mendola.
Je crois que c’est à partir de ce jour là que mes deux acolytes complices m’ont foutu devant. Pas fous les mecs ! On met le jeune en pole position en lui flattant un peu l’ego, comme ça si ça passe on enquille derrière et s’il se fout parterre on a le temps de freiner. De vrais renards !
Juste avant de monter le Mendola, plus personne dans le rétro. Ils ont du s’arrêter pour enfiler la combine de pluie ou je sais pas quoi. Je stoppe le brêlon de suite et fume une clope en les attendant tranquillement. Cinq bonnes minutes et z’arrivent toujours pas. Demi-tour pour les rejoindre mais personne. On avait dit direction Bolzano alors je monte le col plein but façon rattrapage d’échappés. Au sommet je fais signe à un tarmo en sens inverse. Tiens c’est marrant une Dayto chargée…Je m’arrête et Alain fait demi tour. Lui aussi était en mode poursuite.
Jacques au téléphone : « Je suis à Appiano ». Nous : « Reste là où t’es, on te rejoins ».
Coup d’œil sur la carte, Appiano c’est le premier bled en bas de l’autre coté du col. En fait le Breton en 1200 Sport il nous a pourri correctement, mais ça on lui a pas dit.
Fin de la journée et premier col dans les Dolomites sous la pluie. On trouve un camping vers Arabba.
Bière, sky, pâtes. Ce soir on innove avec une sauce carbonara au lieu de la bolognaise.