Il y’a de çà deux ans, je considérais que ma pratique moto ne pouvais se faire que soit sur un roadster, soit sur une sportive. Je suis jeune, et comme la plupart de jeunes, mon idée est que les trails, les GT, les rétros, les customs … çà sera pour dans 20 ans (quand j’en aurais presque 50 quoi) ! Quand viendra l’idée de penser à la retraite ! Pourtant, je roule avec ma moto tous les jours, toute l’année, sauf sur la neige. Déjà, on peut se dire que, finalement, je n’ai pas forcément le truc adapté à mon usage de la moto ! Utilitaire d’abord, balade ensuite … pourtant, j’ai tout de même envisagé l’idée de la Sport GT assez vite. Mais non, la prochaine sera une sportive à ce moment-là ! Sauf que … sauf que nos gentils amis de chez Triumph ont eu la bonne idée de sortir à la fin 2010 les Tiger 800 ! Et là, je dois dire que ce fut une révélation pour moi ! Finalement, un trail, c’est pas mal, en fait même, c’est pas mal du tout ! Ma passion pour les rodages me permet d’enchaîner la Tiger 800 puis la 800 XC, et je découvre la joie de rouler différemment … sans faire gaffe à l’apparence, mais juste le plaisir de rouler ! Et le mieux, c’est que c’est vachement moins contraignant pour aller bosser. Pas de position sportive, pas de suspension raide comme bois, une selle qui ressemble pas à une planche à pain, … Enfin bref ! Mais çà manquais un peu de moteur …
Une grosse année plus tard … c’est au tour de la Tiger Explorer ! Le deuxième effet KissKool ! Cette fois, ça pousse, c’est encore plus confortable, plus pratique (cardan, protection, confort, …). J’ai définitivement admis l’idée que la moto ne passe pas uniquement par le roadster et la sportive ! Mes potes commencent doucement à me prendre pour un fou … enfin un vieux fou surtout ! Mais comme moi, avant, ils n’ont jamais essayé, et ne veulent surtout pas essayer ! De peur qu’on les voie sur ce genre « d’engin du diable qui n’ont rien de la moto ». Bon, un trail c’est pas mal, mais si on veut aller au bout du bout … y’a un truc qui commence à me taquiner, c’est la GT ! La bonne grosse GT, top confort, gros moteur, top protection … Et Triumph en profite alors pour présenter la Trophy 1200 ! Et BMW en profite aussi pour m’inviter à un essai d’un modèle de la gamme au choix … ayant déjà passé en revue la K1300S et la S1000RR, et bien ce sera la R1200RT ! Et ça fera un bon point de comparaison pour la Trophy.
Et le troisième effet KissKool … l’invention par BMW de l’éléphant qui a l’aisance de la gazelle ! La reine de la route R1200RT me prouve que finalement, on peut sembler grosse et offrir finalement l’agilité d’une moto bien moins grosse ! Par contre, là, le confort et la protection sont d’un niveau quasi automobilesque avec l’autoradio, le chauffage et les valises qui fournissent une belle capacité d’emport ! Tout ça pour dire qu’il ne faut surtout pas se fier aux apparences, la moto, çà se juge assis sur la selle en roulant, pas sur une photo ou en la regardant depuis la chaise du bar du coin. Enfin, si, mais ça dépend de ce qu’on veut en fait. Mais pour un usage pratique et/ou gros roulage, la GT, c’est le top ! Mais bon, la BMW, je l’ai eu que pour 30 minutes et 30 bornes.
Et finalement, arrive la soirée de présentation de la Trophy, le lendemain, je la récupère pour attaquer le rodage. La moto est plus volumineuse que la RT installer dessus, mais on a l’impression d’avoir plus de place. Sur la RT, on est plus coller au poste de conduite, donc l’impression d’être un peu plus « enfermé ». Je décide de garder la radio mais en passant sur une station un peu plus adapté à mes gouts musicaux (plus tard, clef USB et mes MP3). Je règle la bulle, les rétros, je reste en config d’amortissement « Normale » et précharge « Pilote seul ». J’aurais peut-être dû mettre « Pilote + bagage » vu mon gabarit mais bon, on verra bien. Il pleut, les pneus n’ont fait que 10 km de bout droit, donc on va serrer les fesses pour commencer. L’engin est annoncé à 300 kg, et ils sont clairement là quand il s’agit de déplacer la moto ou de la redresser … mais dès la première enclenchée et dès les tous premiers km/h, on les oublis complément ! Cela m’étonne toujours autant, c’est un peu comme la Rocket III, ce sont des motos qui joue au grand bluffe entre poids annoncé et poids ressenti !
Aller, roule ma poule, le confort est royal, la selle chauffante … chauffe fort, je la coupe ! Il fait 5° … je pense que ça peut être sympa, mais par température négative ! Par contre, je découvre les poignées chauffantes, et ça, c’est vraiment un truc top. Position 1 sur 2, je n’ai pas froid du tout aux doigts ! Çà se monte sur la Speed ?! Sinon, avec la bulle haute réglée bien haut, le réservoir qui englobe les jambes, je roule sous la pluie sans mouillé, visière ouverte ! Juste un petit retour d’air sur la nuque passé 100 km/h. Et puis quand l’eau commence à s’accumuler sur l’arrête supérieur de la bulle, une goute par de temps en temps pour heurter la visière avec le vent relatif. Mais on oublie vite les conditions par rapport à un roadster. Il est 18h30 samedi soir, je vais acheter mon pain à moto sans sac à dos, les baguettes dans la valise, au moins, là, elles ne prendront pas l’eau par rapport à d’habitude. Comme il pleut toujours, je rentre tranquillement en musique, on roulera le Dimanche car ça s’annonce sec … et plus froid !
Après-midi ensoleillé et froid, parfait pour rouler des heures sans avoir froid en Trophy ! J’ai avalé 150 km en 2h30 (séances photos comprises) sans avoir jamais froid alors que la température oscille entre 3 et 6°. Une fois le gabarit de la moto enregistré, c’est assez facile de rouler vite et bien. Mais pour l’instant, en mode « Normal », la moto est un poil rétive à mettre sur l’angle, pas aussi facile que la BMW. Sauf que … une fois passée en mode « Sport », un vélo ! Enfin, toutes proportion gardé, ce n’est pas une Street R non plus hein. Mais c’est mieux qu’une Sprint GT, alors qu’elle accuse 50 kg de plus. J’avale les kilomètres de la campagne nord tourangelle avec plaisir, en musique. La radio est top, bien mieux que la BMW à mon gout. Sur la RT, çà grésille vite, et j’avais vite coupé d’ailleurs lors de mon essai, alors que là, sur la Trophy, j’ai gardé la radio en permanence. Le son est asservis sur la vitesse, plus l’on roule vite, plus le niveau sonore augmente. Et inversement, quand on ralenti, ça descend tout seul. Ce qui fait qu’en ville, au feu, tout le monde ne te dévisage pas avec ta musique à fond ! Bon, par contre, quand les gens voient passer une moto qu’ils pensent de la gendarmerie avec du Rammstein ou Metallica à fond, là ils se retournent et te regarde avec un air ahurie. J’ai testé pour vous !
Les 160 premiers kilomètres se font sans dépasser 3500 tr/min. Le moteur ne cogne jamais, on peut rouler à 50km/h en ville en 6ème à quelques chose comme 1200tr/min sans problème, et çà reprend gentiment mais surement si on ouvre sur ce rapport. L’équilibre de la moto est parfait en ville, on peut tenir la moto droite sans le pied à terre quelques seconde à une vitesse quasiment nulle. Presque plus facilement que ma Speed ! L’empâtement plus long et la chasse plus longue ne doivent pas y être étrangers ! Sur les petits rapports, la moto décolle fort, même très fort. Et une fois autoriser à ouvrir jusqu’à 5000 tr/min, ça devient même jouissif de rouvrir en sortie de courbe. Et pas de scrupule, l’antipatinnage veille pour vous. Même si je n’ai pas réussi à le déclencher. Bon, je n’ai pas essayé plus que çà non plus. Comme l’ABS d’ailleurs, les freins freinent fort sans avoir une attaque trop brutale. Mais pas du tout le freinage mou et sans feeling d’une Sprint ST (désolé les possesseurs de Sprint). Donc au chapitre freinage c’est du tout bon, même l’arrière freine bien (c’est rare chez nos Anglaise).
Pour en revenir au moteur, il est élastique à souhait et tire bien sur les bras, la position assis droit favorise la sensation d’arrachage de de bras en même temps (par rapport à une position basculée sur l’avant). Mais sans faire attention, on est vite à 150 / 160 km/h juste en rouvrant en 6ème depuis 90 km/h. Le régulateur de vitesse marche très bien, on lâche le guidon et la moto trace tout droit. On peut même ouvrir gentiment pour passer une voiture ou un camion et la laisser se remettre à la vitesse de consigne. Un coup de gaz sec ou une coupure sèche le désactive par contre. De même qu’attraper l’embrayage ou les freins. C’est rigolo de doubler les camions avec les mains poser sur le réservoir et en regarder le chauffeur du camion qui se demande comment tu fais.
Pour revenir sur l’agilité, quelques enchainements de ronds-points donnent vite un très bon sentiment sur les capacités de la bête. Évidemment, il faut être en mode « Sport » pour que ça soit particulièrement facile. Je me suis contenter des modes « Normal » et « Sport », je n’ai pas essayé le mode « Confort », mais déjà en Sport c’est bien (je roule en Speed habituellement) et en Normal c’est TOP à mon goût, alors en « Confort », çà doit être un tapis volant. Et ça c’est un peu déconcertant quand on est habitué à avoir une lecture totale de la route. On ne se rend pas compte d’est aspérité de l’asphalte ou des petits graviers. Il faut donc y faire attention pour ne pas être surpris. Le mode « Sport » donne plus de retour à ce niveau … mais avec la fermeté qui va avec.
Lundi midi, resto avec les collègues, je prends la moto, et laisse le casque dans une valise pendant le repas ! Aspect pratique là ! Moi qui suis toujours à trainer mon casque partout où je vais. Il y’a sinon la boite à gants où j’ai mis mas clef USB chargée de MP3. Les titres apparaissent au tableau de bord, on peut écouter soit des playlist, soit par artiste ou par album. La musique n’est pas écrasante pour autant, on entend le moteur et ce qu’il se passe autour. C’est beaucoup moins dangereux qu’avoir des écouteurs dans le casque. Trois prises allume cigare + 1 dans le top case, y’a de quoi brancher des accessoires (GPS, gants chauffants, blousons chauffants). Même pour le passager, il y’a une prise à l’arrière. Au niveau de l’éclairage, c’est comme une voiture, en plein phare on voit loin et large. Ma Speed ne fait pas du tout le poids sur ce point de comparaison, même avec mes ampoules OSRAM top moumoute.
En conclusion, c’est une moto à vivre, pas à endurer. On peut rouler avec tous les jours, par tous les temps, dans un confort royal. J’ai effectué 300 km avec trois quart de plein, donc une autonomie de 400 km (avec ma Speed je fais péniblement plus de 200 km). Le plus dur, c’est en repartant avec une autre moto de se rendre compte du froid, de la buée sur les lunettes … des choses auxquels je suis normalement habitué, mais que j’ai pu oublier le temps de 300 km qui m’ont bien plus.
