Le septième jour. Iselsberg - Chur.
6h30, j’entends une faible sonnerie de réveil dans une des chambres voisines. A mon grand étonnement c’est Alain qui pénètre ma chambre-cuisine-séjour.
Fifi n’émerge qu’à 7h comme si le dernier jour les habitudes s’étaient inversées entre les lève-tôt et les trainards du matin.
C’est le moment de ranger les vêtements et accessoires dans les valises en essayant de se remémorer leur place respective du premier jour.
Avant le départ chacun avait pris studieusement le temps de préparer et d’étudier les solutions les plus rationnelles pour le chargement concernant la répartition du poids et des masses volumétriques, l’accès rapides aux éléments de premier secours comme la combinaison de pluie, la paire de gants hiver, la polaire ou la boisson irlandaise énergisante.
Je me souviens du carrefour Bassens, chacun arborait le sourire satisfait du grand départ. Le sourire d’une première victoire accomplie, la prouesse d’être parvenu au point de rendez-vous la moto idéalement chargée sans que rien ne se casse la gueule.
Encore une fois pas Vapatro, qui lui s’est pointé à la one again comme d’hab. Mais avec des vraies valises neuves…de sa part c’est presque un aveu.
Aujourd’hui je jette tout en vrac dans les deux sacoches, je tasse, je force et m’excite sur les fermetures éclair. J’ai la première compèt du jour à remporter !
Ouais, d’apparence on se la joue tranquille, on est pas pressé. Mais en réalité, et même si personne ne l’avouera, chacun sait que le premier qui aura chargé sa brêle, le premier sur la ligne de départ aura déjà remporté peut-être l’unes des plus belles épreuves de la journée. La récompense ?
Une clope à la main, regarder avec nonchalance les autres achever leur chargement.
Pour les non fumeurs, on peut au choix vérifier la pression des pneus, graisser la chaîne ou ajuster le niveau d’huile moteur.
L’idéal c’est le combo !
Ce matin là on proclame l’ex æquo (je ne veux pas me brouiller avec mes acolytes).
On dit auf wiedersehen à notre logeuse et on monte sur les motos maquillées en Grosse Bertha pour une longue étape jusqu’à Chur en Suisse.
A Lienz on prend la route de la vallée jusqu’à Brunico au détriment du Passo di Stalle et de son feu à sens unique. On a des bornes à abattre et pas l’envie de patienter une heure devant un feu rouge. On vise le Passo di Giovo au départ de Vipiteno. Là bas pause café pendant laquelle la décision sera prise qu’une fois le col franchi, Fifi et Michèle rejoindront Merano pour achever l’étape par de la route « facile », Alain, Christine et moi bifurqueront vers le Passo del Rombo pour une étape complète de montagne.
Au passage du Giovo, je me dis que cette année décidément personne n’aura voulu jouer avec nous, pas même l’Audi doublée deux fois, pourtant quasi un modèle de course. Mais où en profitent-ils tous ces Allemands et Suisses de leurs autos de sport à 150 K€ ? Sur les voies d’insertion des autoroutes limitées à 110 ?
A Leonardo on se sépare donc.
Pic-nic pour nous à l’ombre d’un soleil de midi cuisant. On retrouve un peu d’air frais au sommet du Rombo et de sa route à péage.
Peu après Solden arrêt ravitaillement des motos et rafraichissement des humains dans une station service autrichienne. Au sortir de la boutique, pourtant réhydratés, une apparition de la Bible se matérialise devant nous sur le bitume des pompes à essence.
La vieille Ducat 900 SS gris métal de Guido Braseletti est là !
Son pilote une femme, de 20 ans l’ainée de sa machine, une longue chevelure ébouriffée de même couleur que sa monture.
Un témoignage pictural aurait été justifié, mais on a pas osé sortir l’appareil photo…
Sur cette vision on repart direction la Suisse en évitant une partie de la vallée suivante via des petites routes de montagne étroites et désertées hormis des cyclistes.
Retour à la vallée néanmoins pour le passage de l’Autriche à la Suisse où on ne se gêne pas sur ces larges lignes droites pour augmenter un peu la vitesse moyenne.
Appel de phare d’une moto en sens inverse. Traversée du village suivant, petite montée dégagée, je suis en tête du binôme à vitesse modérée. Soudain un individu sorti de nulle part lève le bras dans ma direction pour m’indiquer l’arrêt.
Je reconnais immédiatement la version saison printemps été de l’uniforme international de police et la chemisette bleue. Ne sachant plus vraiment dans quel pays on est, tellement proche de la frontière Autriche-Suisse, j’espère qu’il est Autrichien. Les Suisses paraît-il qu’ils ne déconnent pas ! Je m’arrête avec bonheur à coté de la voiture de la Polizei autrichienne.
Il s’adresse à moi en allemand. Je coupe le moteur, retire le casque et les bouchons d’oreille. Désormais il parle anglais.
« Vous avez été contrôlé à 72 km/h pour une vitesse limitée à 50. »
Petit hochement des épaules confus de ma part. Je parle tellement mal anglais et puis j’ai rien à dire à part que:
Que depuis une semaine je roule le nez au vent sans compteur de vitesse, à l’intuition. Que c’était vraiment cool dans les cols à rouler sans jamais regarder autre chose que le compte tour ! Que pour toutes ces sensations, maintenant je veux bien passer à la caisse. Alors combien je gagne, 90, 180, plus?
Le flic, il a une bonne tête, il est souriant et ouvert ce qui change de ses homologues français. Il est accompagné d’un plus jeune.
Il annonce « forty euros » (soulagement !) et prévient Alain et Christine qu’eux aussi étaient en infraction mais pas verbalisables puisque dans ma roue arrière.
A la vue du permis français il discute en allemand avec son jeune collègue. Ils reviennent vers nous.
En cœur ils nous demandent à quoi peuvent nous servir les petits tabourets pliables décathlon harnachés à l’arrière du Tuono.
« Is it for fishing ? »
« No, it is a seat for camping. »
« Where do you come from and where are you going? »
« From Slovenia and we’re going to Chur. »
Finalement je paie 30 euros, on leur a fait un peu pitié je crois, je signe le PV et on repart après un grand signe d’au revoir de la main.
Plus tard on se partagera le montant du PV à nous trois. Grande classe.
En attendant on continue la route jusqu’à Davos en passant par le Fluelapass pour redescendre ensuite sur Tiefencastel et remonter enfin sur Chur via un dernier col.
Sur la route de Chur vers 20h on tente plusieurs campings. Tous sont réservés au camping cars.
On se dit alors qu’on pourrait tenter l’hôtel. Devrait y avoir moyen de négocier les tarifs des chambres libres à cette heure ci. A la deuxième tentative, bingo !
A nous la chambre double de 60 m2, ses deux salles de bains, ses lits de 2x2m et sa place de parking en sous-sol fermé. On s’est pas emmerdé, on a tout laissé sur les motos hormis les vêtements légers du soir.
Dîner au restau de l’hôtel et au lit à 22h30 après cette journée bien fatigante.
La route, 450 bornes:
https://maps.google.fr/maps?saddr=Iselsberg,+Autriche&daddr=Vipiteno,+Province+autonome+de+Bolzano,+Italie+to:San+Leonardo,+Province+autonome+de+Bolzano,+Italie+to:46.8908,11.130884+to:S%C3%B6lden,+Autriche+to:Wenns,+Autriche+to:Davos,+Suisse+to:Lenzerheide,+Vaz%2FObervaz,+Suisse+to:Chur,+Suisse&hl=fr&ie=UTF8&ll=46.890232,11.324158&spn=2.002748,4.045715&sll=46.793478,9.977646&sspn=0.510995,1.196823&geocode=FVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw%3BFYCGywIdk3auACntTyuRQFOdRzH5_NYp3pHP7A%3BFbxOygIdm5irAClFh-q-YLGCRzG2gBsfbGqRuw%3BFTB_ywIdBNipACkt5wqXu8qCRzGnVfTUZRRHXQ%3BFceizAIdNvenACnHGihUWzKdRzE_38MurtsoTQ%3BFXG8zwIdUL6jACnvbkBw8tucRzGiasoqmvzEHA%3BFfgcygId6gGWACmdpWTfEKGERzHYli3fiQYz0A%3BFdkFyQId4NWRACl5w2z_gpWERzG1w8_caYNK6w%3BFS78ygIdyl2RAClVW_eKdseERzEwHwHXpnhPKw&oq=lenz&dirflg=ht&mra=ls&via=3&t=m&z=9