Depuis plusieurs semaines déjà les hôtels étaient réservés, le road-book défini, qui devait nous mener jusqu'au Stelvio + retour en faisant la tournée des cols suisses... Mais quelques soucis mécaniques d'une part (avant), quelques interrogations météorologiques d'autre part (pendant) ainsi que l'exemple récent de certains bô talliens et voilà que la veille du départ on annule tout et on repart d'une feuille blanche...
Je bricole donc une petite virée bucolique de 5 jours dont voici le compte-rendu :
Jour 1Je souhaite partir à 8h30, j'annonce donc à ma femme que nous partirons à 8h00, comme cela j'espère pouvoir décoller à 9h00. Et ça le fait à peu près puisque vers 8h50 nous décollons via Bourgoin,Vienne, puis direction Annonay, que nous traversons pour enfin, une fois arrivés au Col des Baraques, décréter que la virée est officiellement commencée !
Nous suivons donc la D9 par St Bonnet le Froid, ça ondule gentiment jusqu'à Saint Agrève où nous prenons la D120 direction Le Cheylard. Effectivement, cette portion fait honneur à tout ce que j'en ai entendu dire avant... Je n'y avais jamais mis les roues, petite pause photo donc.
Mais rouler sur de belles routes c'est bien, découvrir la campagne environnante c'est bien aussi, et justement je me dis que ça fait bien longtemps que je n'ai pas visité une protubérance phonolitique ! En y réfléchissant ça doit même faire pas loin de 44 ans et demi... Ok, arrivés à Saint Martin de Valamas nous quittons le terrain de jeu et nous enfilons direction St Martial sur la D237 qui, entendons-nous bien, virole à souhait mais dont le revêtement est fort bosselé, au point que la moto en devient presque inconduisible... L'avant saute tant et si bien que la moto finit par me dire « laisse, accroche-toi au guidon, je conduis »... je me contente donc de flâner le nez au vent jusqu'au Mont Gerbier de Jonc :
C'est beau ? Oui ! Il y a quand même du monde, on s'éloigne donc un peu pour casser une petite croûte en profitant du paysage
Bon, c'est pas tout ça, mais on a encore de la route.
Je sais que je dois repartir par la D378 pour remonter sur la Haute-Loire et justement je tombe tout de suite dessus, j'enquille donc à travers les monts, la route est beaucoup plus roulante, elle serpente à flanc de collines et le revêtement est redevenu tout à fait honnête. Un peu dans ce genre-là :
Très vite je me retrouve sur une autre départementale, ce qui me paraît bizarre mais sans plus, puis un peu plus avant je traverse un bled qui s'appelle Lachamp-Raphaël et qui ne figurait pas sur ma route mais comme ma carte n'est pas assez détaillée ce ne sera jamais qu'un bled de plus non répertorié dessus... C'est quand je vois un panneau indiquant « Privas 24 kms » que je me dis « tiens ?? keskispasse ? » Bon, de deux choses l'une, soit la carte est fausse soit je me suis trompé de route...
Putain, ils font chier Michelin à vendre des cartes erronées...
Nous nous arrêtons donc sur une aire panorama sur le bord de la route, je dois réfléchir.
C'est à ce moment-là qu'arrivent deux Bataves, lui sur un SL1000 Falco, elle sur un CB600R. Ils s'arrêtent à côté de nous, nous saluent, s'allument une clope et j'entends le gars dire à sa poule :
Kiejk, konijnen ! Laat ze gaan. Vangt dan omhoog en gegeten als CBR1100XX maakte ons in Switzerland vorige week.
A ces mots mon sang ne fait qu'un tour.
Nous remontons sur la moto, et demi-tour, nous repartons d'où nous venons. Quelques minutes plus tard je me dis « tiens, ça fait longtemps que je ne me suis pas fait les sources d'un fleuve, genre le Nil ou le Mississipi ! ». Qu'à cela ne tienne, justement les sources de la Loire ne sont pas loin, et nous voici donc au...
… Mont Gerbier de Jonc !!
Bon, il semblerait que les sources de la Loire soient au nombre de trois... C'est con, il y en aurait eu qu'une ou deux... mais là, trois c'est trop, surtout que les 60 kms gratuits que je viens de faire à cause de Mr Michelin (
) m'ont bien mis à la bourre. Je dois aussi penser à retrouver le bon chemin. En plus de cela, le ciel qui jusque là hésitait entre menaçant et clément semble avoir choisi son camp et je sens qu'il va bientôt pleuvoir. Et, cerise sur le gâteau, la question du carburant ne va pas tarder à se poser... Je repars donc sur la D378 mais dans l'autre sens ce coup-ci. Et c'est en arrivant à Le Béage que je trouve enfin mon tiercé gagnant, à savoir la bonne route, la pluie et une station service où j'ai le privilège de remplir mon réservoir à 1,77 € le litre...
Nous repartons ensuite via Le-Monastier-sur-Gazeille par la D535 qui, si je ne me mélange pas les pinceaux, est moins tournicotante et ce n'est pas plus mal car en plus d'être bosselée elle est aussi bien glissante sous la pluie.
Nous traversons le Puy en Velay sous une pluie soutenue, puis la N102 qui n'a rien d'intéressant à proposer mais il faut bien rattraper le temps perdu, et enfin nous laissons derrière nous la pluie lorsque nous prenons la D590 en direction de Langeac, puis de Pinols, puis de Védrines-Saint-Loup. La route redevient viroleuse, le décor s'aplatit quelque peu et le ciel s'éclaircit, il est donc temps de faire une petite pause.
Je la mets à profit pour mûrir une idée... C'est que ça fait longtemps que je n'ai pas visité un ouvrage d'art ferroviaire franchissant les gorges de la Truyère... Et bien ça tombe bien, car justement nous arrivons au Viaduc de Garabit :
Je serais bien-t-été jusque tout en bas, mais il est déjà presque 19h00 et il reste pas loin de 100 kms jusqu'à Aurillac, où nous passons la nuit. Le temps de prendre quelques photos donc, toutes ratées. C'est en arrivant à l'hôtel que je m'aperçois que par erreur, à manipuler l'appareil photo avec les gants, j'ai mis en position « rapproché » ce qui est moyen pour faire des photos « paysage ». Nous rejoignons donc Saint-Flour puis la N122 jusqu'à Aurillac où nous arrivons à l'hôtel vers 20h30.
Demain est un autre jour.