Voici le résumé de Laurent Cochet sur FB que je trouve pas mal du tout :
"PUTAIN QUE L'HIVER VA ETRE LONG
Voilà, c'est fait ! Lorenzo est champion du Monde… du titre le plus triste de toute l’histoire du MotoGP. Marquez est globalement un gamin mal aimé par la foule, qui devra un jour s'allonger sur un divan pour comprendre comment, celui qui était son idole lorsqu'il était pré pubère, est devenu son pire ennemi ? Rossi a lui pris un coup de spleen qui marquera sans doute durablement sa fin de carrière. Quant au MotoGP, un modèle qui faisait rêver la F1, il a pris cher dans sa musette. A qui la faute ? A personne ! Enfin, à personne de physique mais à un certain état d’esprit. A celui d’un égo surdimensionné. Tous ces pilotes, je dis bien tous, pensent réellement qu’ils ne sont là, que grâce à leur talent, à leur personnalité unique, à leur détermination sans faille et à leur engagement sans égal. D'incroyables gladiateurs qui agiraient seuls! Pourtant non. Ou plutôt, oui, en partie, mais pas uniquement. Les Rossi, Lorenzo et Marquez sont aussi là parce qu’ils sont les meilleurs représentants marketing des marques qui les paient. Les millions de dollars dépensés par les constructeurs moto, équipementiers et autres sponsors n’ont pour seul but que de faire la promotion de leur propre marque, de vous inciter à acheter et peut-être parfois aussi, j’ose être idéaliste, à donner une image cool du monde de la moto pour mieux le développer.
Bref, pour moi, le MotoGP est un spectacle vivant, organisé, dont vous spectateurs (donc moi aussi) attendez le meilleur. Car c’est vous, enfin nous tous, consommateurs quoi, qui payons l’addition finale. Nous attendions une lutte jusqu’à la dernière seconde, jusqu’au dernier mètre, avec des actions viriles mais correctes. Les pilotes se devaient de nous offrir ce final tant attendu qui allait les faire entrer dans le Panthéon (et non pantalonnade) de la moto, quel qu’en soit le dénouement, le vainqueur. Est-ce à dire que Marquez et Pedrosa auraient dû en Malaisie, puis à Valencia, s’écarter de la trajectoire pour laisser passer Lorenzo et Rossi ? Non, ce n’est pas du tout là où je veux en venir. Je constate que Marquez n’a pas compris les attentes du public et s’étonne ensuite des conséquences des réactions de celui-ci. En tant que pilote pro, ultra lucide, même à plus de 300 km/h, il savait parfaitement en Malaisie, qu’il ralentissait Rossi dans sa remontée sur Lorenzo, qu’il jouait un rôle sur l’issue du championnat, et … qu’il allait s’attirer les foudres du public. Jouer sa propre course est encore une fois un choix que je ne lui reproche pas, mais comment n’a-t-il pas compris à l’avance, comment son entourage ne l’a t-il pas averti, qu’il allait devenir le sale gosse du MotoGP ? Harcelé par certains journalistes, conspué par les spectateurs. Comment Marquez n’a-t-il pas compris qu’il lui serait désormais difficile de développer son image, qu’il allait par exemple, vivre l’enfer en se rendant aux prochains GP de Misano ou du Mugello en 2016. Que sa page Facebook allait être envahie de menaces et d’insultes teintées d’homophobie (ce qui au passage m’attriste). Comment Marquez n’a-t-il pas anticipé le fait qu’au milieu de l’arène, c’est le public (parfois cruel et injuste, ne le cachons pas, nous avons un part de responsabilité aussi) qui allait décider de son sort ? Je sais, c’est moche, ce n’est pas complètement du sport, mais fort de tout ça, Marquez n’aurait-il pas du ranger dans sa poche son égo, l’espace d’un ou deux GP, laissant Rossi et Lorenzo s’expliquer ? Marquez n’aurait-il pas dû aider ce sport et finalement servir au peuple l’affiche qu’il attendait tant, au lieu de ce désolant spectacle. Comment Lorenzo n’a-t-il lui aussi pas compris qu’en mettant son égo de côté, le temps du podium en Malaisie et de quelques déclarations maladroites, il aurait pu se rendre service à lui-même. Comment a-t-il pu rater une telle occasion de construire l’image du mec bien qu’il aimerait tant avoir. N’y a-t-il donc eu personne, alors qu’ils sont toujours plus de dix valets à leur faire porter la bonne casquette, les bonnes lunettes, la canette de Red Bull au moment des interviews et de la remise des coupes, pour leur faire comprendre, à l’avance, la portée de leurs actes. Réfléchir avec un ou deux coups d’avance? Comment Lorenzo va-t-il désormais faire croire à ses employeurs qu’il est loyal envers les marques qui l’emploient ? Marquez ne s’est-il pas, lui aussi et définitivement fermé les portes, de pouvoir un jour évoluer. De pouvoir, par exemple, rouler un jour pour Yamaha, se fixer un vrai challenge, mettant en cause le confort dans lequel il s’est déjà installé à 20 ans. C’est d’ailleurs un peu et aussi comme ça que Rossi s’est construit. Les Lorenzo et Marquez viennent peut-être, de se fermer, sans clairvoyance aucune, toutes ces portes d’avenir qui sont pourtant censées servir et alimenter le développement de leur égo. Alors, certes l’erreur est humaine, et finalement toutes ces stars ne sont que des humains et c’est tant mieux. A les voir ressortir, une main devant, une main derrière de leur convocation du bureau du MotoGP, on dirait qu’ils viennent d’en faire l’amère expérience. Je ne fais pas de psychologie à deux balles, mais à l'heure des interviews après course, je n'ai vu que des mecs, gênés, crispés et mal à l'aise. Même Rossi, adulé par les foules, semble réaliser, un peu, la portée de la leçon (le Big Bang?) qu’il a voulu donner à Marquez en écartant la trajectoire. Et ne semble plus avoir d'autres solutions que d'enfoncer le clou! Alors rêvons un peu et on se consolera en se disant que ces événements auront peut-être servi à les rendre tous, un peu plus humbles, meilleurs, moins égoïstes et plus clairvoyants dans leur rôle au sein de ce sport. Reste qu’en tant que spectateur de base, j’aurais quand même préféré une vraie bagarre Rossi/Lorenzo, plutôt qu’une leçon de philosophie ou de marketing. Putain, que l’hiver va être long et amer !"