Bon je vous fais la mienne ...
Enfin je sais pas si j'arriverai à traduire en mots ce que qu'est mon rapport à cet engin !
Déjà, le contexte car pour moi c'est le coeur de l'explication :
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J'ai 7 ans quand mon père decide de quitter la ville pour aller construire
ce qu'il peut une baraque à la campagne.
Il a pas une flèche, et c'est en économisant sur la taille des biftecks qu'il arrive a acheter ses sacs de ciment ...
Quand j'habitais la ville, mon grand pêre m'avait bien offert un tricycle, puis un vélo,
mais c'était (réellement) trop dangereux de rouler dans la rue où j'habitais.
Donc j'ai fait mes armes à velo pendant 2 ans sur un circuit imaginaire qui tient sur une terrasse,
grosso modo 5m x 3m ... Quand j'avais le tournis je devais m'arreter, et j'allais faire un peu de lego ...
Mais là, à la campagne, c'etait plus pareil :
Y avait pas de bagnoles, ou si peu ... Ma mère m'a donné le droit de me barrer à velo.
Je m'eloignais bien au dela de ce que m'autorisaient mes parents,
donc je decouvrais des trucs, des routes pas possibles, des raccourcis.
Bref, cet espece de machin à pedales, que je trouvais fade sur la terrasse de mes premieres années,
ca me permettait d'aller dans un autre monde, quand je voulais. Y avait que moi qui savait ou j'allais.
A tel point qu'en 1 an je connaissais le coin mieux que mes parents.
Par contre, j'avais peu d'amis car il n'y avait pas grand monde autour, j'etais tout seul avec mon velo,
a vouloir sans cesse pedaler pour aller voir plus loin koi ki ya.
Un bemol quand même : Une maladie s'est declarée entretemps, l'asthme.
Rien à foutre, je me battais contre lui : dans la montée il me faisait chier et je le repoussais
aussi loin que je pouvais, dans la descente, il me laissait tranquille.
En grandissant, les velos se sont succédés, toujours trouvés et rafistolés, jamais achetés,
car mon pere n'avais toujours pas de kopeks, et il fallait acheter des tuiles pour la baraque ...
Quand j'etais pas sur mon velo, j'etais chez mon oncle, qui avait eu la bonne idée
de venir s'installer pas loin de chez nous, avec son metier de mecanicien, son garage de mécanicien,
ses voitures à reparer, et ses 2 voitures "de course" : Simca rallye 2, ford Capri.
J'etais son boy : il faisait le boulot de mecano, et moi je nettoyais les pieces à l'essence.
A force, j'ai commencé à m'y connaitre, et je demontais les Porsche et autres NSU avec lui.
J'ai chopé le virus de la méca ... comme celui du velo.
Et comme celui de la nature aussi, car à force de faire des "stages" en "cure pour l'asthme"
j'avais fait le tour des alpes par periodes de 3 à 6 mois, un coup dans le champsaur, un coup à Allevard,
un coup à Briancon (non je suis pas allé à la Bourboule) j'etais devenu un amateur inconditionnel de la nature.
Mais ce velo, c'etait comme le cheval de Zorro : aller plus loin et plus vite qu'à pied. Monter dessus c'etait
se transformer en un "cavalier" solitaire qui avait vu et donc savait plus de choses que les autres.
Aller tellement loin que c'est interdit, aller si loin que peut etre je me paumerai ...
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Bref une enfance qui sent bon la liberté, la colo, la montagne, la rustine de chambre à air, et l'essence.
Et la moto dans tout ca ?
Ben la moto c'est la suite de la mobylette, que je m'etais payée en reparant des bagnoles
(car mon pere ne pouvait pas me l'offrir, il fallait acheter une chaudiere),
La mobylette qui avait remplacé le solex, qui avait remplacé mon dernier velo "cheval de Zorro".
Mon père me disait "Tu aimes aller te promener loin, je le vois. Tu aimerais pouvoir continuer à le faire demain,
ou meme dans un an ? - oui ! -Ben alors, tu peux y aller, et tu dois y aller, mais il faut y aller en roulant prudemment,
car la ou tu vas c'est quand même loin ..."
Au moment de l'adolescence, avec la montée des hormones, j'ai commencé a vraiment aimer
les (petites) motos, et ce putain de moteur dedans, qui par la vitesse qu'il donnait à l'engin, permettait
d'aller plus vite, et plus loin. Par contre le symbole derriere l'engin est toujours le même :
le cheval, ou le "tapis volant", ou je ne sais quel autre truc qui permet d'aller voir ailleurs.
Toujours en surcharge de 20 kgs par rapport aux autres djeuns (qui est gros ???),
mes engins du debut devaient etre au top pour pouvoir rivaliser ... Le tonton mecano etait un allié de choix ...
La 125 de reference dans la vallée, c'etait la mienne !
Et puis apres, sont arrivées les grosses cylindrées.
Et là j'ai rencontré vraiment pour la premiere fois des motards qui aimaient la moto pour la même raison que moi.
L'engin qui t'arrache les bras juste en tournant la poignée, l'engin qui te permet de voir dans la meme journée :
la mer, la campagne, les neiges eternelles de la Bonnette, le lac de Serre-Poncon, la citadelle de Briancon,
les coussins de lavande du plateau de Valensole ...
Et en plus, je n'etais plus seul à apprecier ce que je faisais au moment ou je roulais, les paysages
qui se decoupaient devant nous, sentir le rythme monter, mais ne pas trop repousser la limite, car tomber,
ce serait se priver peut etre de toute cette liberté que m'apporte la moto.
La, je roulais avec des gens qui, je le savais, partageaient le meme plaisir que moi à parcourrir
des centaines de KMs par jour sur un engin exceptionnel.
Car une moto de forte cylindrée, c'est exceptionnel : C'est des performances de F1 pour un engin
somme toute accessible financierement. C'est un truc qui s'en tape des 20kgs de trop,
c'est un truc, tu tourne la clé le matin, tu es au Portugal le soir, en ayant roulé, penché,
senti des parfums vu des belles choses.
Le dimanche matin, quand je la regarde, la clé de contact de ma bécane, et que je la tourne, et que du coup
la moto m'entend, j'aime lui dire : Voila, aujourd'hui, on n'ira que "a Barcelo", mais je sais
que si on devait aller à Bilbao, tu es prete aussi. Et on ira là bas , sans oublier, ni les potes, ni les montagnes,
ni la sécurité, ni remercier d'etre là.
Voila.
Voila pourquoi j'aime la moto, pourquoi quand je roule je fais beaucoup de bornes,
pourquoi j'aime la diversité des paysages, pourquoi je veux aller voir les montagnes, merveilles de la nature et de mon enfance,
pourquoi j'aime rouler à 4 motos pas plus (sinon c'est difficile d'aller loin),
pourquoi je ne me vois pas dans un convoi de Harleys (le contraire de la liberté),
pourquoi je n'ai que peu d'attirance pour la competition, et pourquoi, malgré tous les KMs que j'ai parcourru à moto,
je n'ai jamais su etre une bonne pince à grande vitesse.
Et comme j'ai rarement l'occasion d'ecrire des trucs comme ca :
Remerciement à mes parents, surtout à mon père (qui comme vous le savez, n'avait pas de thunes, heureusement)
qui a su voir combien le velo, et les engins qui ont suivi, et la liberté qu'ils representent, etaient importants pour moi,
et qui a su donner en inquietude ce qu'il pouvait pas donner en biftons.
