l'histoire de la moto et moi commence tout petit début des années 80, le fils de voisins, prénommé Titus, avait une moto différente tous les 6 mois et une combinaison de cuir verte et blanche ou bleue et blanche ou bleue et verte, en fait je m'en souviens plus vraiment, ce sont mes souvenirs, ou une chimère de morceaux de souvenirs et j'ai appris il y a 6 ans que ce n'était pas son vrai prénom mais son surnom car sa mère se prénommait Bérénice.
Alors je m'étais toujours dit que quand je serai grand je serai comme lui, tout en cuir et que je changerai de motos tous les 6 mois. Alors j'ai patienté, je n'ai pas eu la période 49,9 pour plusieurs raisons: ma "petite" soeur (mon ainée de 7ans) m'avait dit que je ferai comme les autres à 14ans, à cet âge là, nous vivions dans une zup de Blois et les vols de 50 étaient quotidiens, pas l'utilité car le collège et le lycée étaient suffisamment proche pour y aller à pied et de toute façon mes parents n'auraient pu me le payer.
Je me contentai de mon vélo et régulièrement je m'extirpais du quartier à vélo pour faire environ 50km en 2h.
1994, je passe le permis voiture car la moto n'est pas envisageable question vol et finances, mais moto journal et moto magazine sont régulièrement mes lectures nocturnes (allez y lâchez vous on en est dans le free
)
C'est l'année où ma "petite" soeur a le diagnostic: cancer du sein. S'en suit 5ans de chimio et autres rayons avec des cellules cancereuses balladeuses (la tête, l'autre sein, le foie,...) En 1998, je me dis que mon code ne va plus être valable, je redouble mon année universitaire avec juste un module à repasser, chose faite en janvier . J'en profite pour rentrer chez mes parents et bosser de nuit dans une usine valeo pour me faire des tunes et je me dis que j'ai le temps et le pognon pour passer ma catégorie moto: bingo juillet 1998, un coup de tampon supplémentaire sur mon carton rose.
Mais toujours pas les conditions pour avoir une moto. En parallèle j'ai des copains qui roulent à moto mais je patiente toujours. 1999, l'état de santé de ma "petite" soeur se dégrade et début août, l'issue est fatale. Je prends conscience que la vie peut être très courte et mes priorités dans mes projets de vie changent. Dans la même période, la fille d'une cousin de ma mère a un accident en tant que passagère moto, résultat une jambe amputée. Je me dis la moto cela peut aussi faire cela, ce n'est pas que du plaisir.
Un copain vend sa moto, un 650 djebel et je me dis c'est le moment, je me débrouille pour le paiement, le garage, rien n'est idéal mais ce n'est plus mes problèmes.
Alors, je ne fais pas de moto autant que je veux mais ça y est, j'en ai une. Avril 2000, je vais au Mans, pour voir les 24h du mans en y allant tout le week end. Je reprends mes études et à Rennes, la clavette de l'équilibrage du contre poids du 650 djebel arrêtera mes rêves de ne faire que de la moto. Je la fais réparer pour 10 balles la pièce mais il fallait tout démonter pour y accéder, la facture est salée. Je commence à bosser les finances arrivent et je décide de passer à un autre style de moto afin de pouvoir rouler plus, plus loin, plus chargée en bagages,... mon dévolu tombe sur une sprint rs de 2000 et là une fois les gommards changés et rodés, je me dis ouha c'est ça une moto. Après la black magic, un retour vers le 3 cylindres avec une daytona de 2001. Alors pour moi la moto c'est le rêve de gosse que je réalise, la liberté, les copains même si c'est de moins en moins les ballades à plusieurs, ce qui me va, car je partage les réticences de pas mal d'entre vous d'en le fait de rouler en groupe avec tous les inconvénients que cela posent. La moto, c'est aussi les différences d'architecture moteur (à la différence de la voiture, grosse majorité de 4 en ligne), la proximité, la facilité de créer des liens même fugaces avec les autochtones des lieux visités: le TT en 2013 en fût encore une belle démonstration. Tant que je pourrai monter sur une moto je continuerai. J'avais répondu à mon ancien mécano qui me chambrait sur le fait que je vienne faire entretenir la blak magic dans son bouclard, que je le ferai chier encore longtemps car j'ai prévu de me faire enterrer avec et que j'ai prévu de vivre très vieux. J'avais rencontré un monsieur de 72ans qui roulait encore avec un 1200 xjr, je me suis dit ça me va comme projet de vie, j'ai appris peu de temps après qu'il s'était tué lors d'une cession circuit à magny cours. C'est un rêve de gosse mais je ne rêve pas pour autant de mourir dessus.
Je ne suis plus tout en cuir, il faut que je me rachète un pantalon suite à ma perte de poids. Je ne sais toujours pas la couleur de la combinaison du fils des voisins, ni d'ailleurs s'il en avait vraiment une de combinaison. Je ne change pas de motos tous les 6 mois mais ça me va comme ça. J'aurai aimé que madame fasse plus de moto, voire passe son permis moto mais cela ne l'a jamais branché et depuis la naissance des enfants cela ne s'est pas arrangé.